Interview : L’église – quelle importance a-t-elle pour vous ?

Bonjour, papa Arend (Remmers), merci de votre disponibilité à participer à cet interview pour notre journal des jeunes « Toi, suis-moi ». Le sujet du numéro actuel est : « L’église (ou l’assemblée) ». Vous êtes un père en Christ et vous vous rassemblez déjà depuis de longues années avec d’autres frères et sœurs autour du Seigneur. Pourriez-vous nous dire pourquoi cela est si important pour vous ?

Reconnaître que nous sommes pécheurs et nous convertir est la chose la plus importante de notre vie. Notre salut éternel en dépend. Après avoir trouvé notre salut en Jésus Christ, deux questions d’une grande importance se posent à nous comme chrétiens :

  1. La vie personnelle de dévouement au Sauveur qui nous a aimés et qui s’est donné pour nous (Gal. 2, 20 ; Eph. 5, 1-2)
  2. La vie commune avec les autres croyants en obéissance à Christ qui a aimé son assemblée et s’est donné pour elle (Eph. 5, 22-32).

Par rapport au premier point, la majorité des chrétiens acceptent que la Parole soit notre guide pour notre vie personnelle de chaque jour. Mais quant au deuxième point, il existe une multitude d’opinions et par conséquent, un nombre presque infini d’« églises » ou de « dénominations ». Pourquoi cela ? Parce que le diable, l’ennemi de Dieu et des siens, hait tout ce qui est à l’honneur de Dieu et de son Fils. Il ne peut pas nous arracher de sa main, mais il essaie de détruire tout ce que nous désirons faire pour sa gloire, et spécialement ce qui concerne l’unité des rachetés dans le seul corps de Christ, l’assemblée. Le triste résultat est la dispersion des croyants en multiples groupements chrétiens.

Cependant, notre Dieu considère son Assemblée comme une perle « de grand prix » (cf. Matth. 13, 45-46 ; Éph. 5, 25-27). Il nous a donné des enseignements à cet égard déjà au début de l’Ancien Testament, dans le livre de l’Exode. Nous y trouvons deux sujets très importants : Le salut dans les 15 premiers chapitres (la Pâque et la délivrance de l’ennemi), et l’Assemblée (la tente d’assignation) dans les chapitres 25-40.

Dans le Nouveau Testament, ces vérités continuent à être dévoilées : Après avoir présenté la Parole comme moyen de notre salut, et comme notre nourriture spirituelle individuelle, l’apôtre Pierre nous parle de la « maison spirituelle », l’Assemblée (1 Pierre 1, 23 – 2, 5). Et l’apôtre Paul nous dit qu’il est devenu « le serviteur de l’Évangile », mais aussi « le serviteur de l’Assemblée » (Col. 1, 23-25). L’Assemblée de Dieu englobe tous ceux qui croient au Seigneur Jésus et qui ont reçu l’Esprit Saint. Ils forment ainsi un seul corps (Éph. 4, 4).

Ayant grandi dans une famille des « frères » et m’étant converti dans mon jeune âge, j’ai connu une « crise » – un moment de doutes et de questions vers vingt ans environ. Mais après des prières et l’étude de la Parole à l’aide d’un petit livre présentant le vrai caractère de l’assemblée de Dieu, le Seigneur m’a fait comprendre une fois pour toutes que sa volonté peut être réalisée à cet égard même aujourd’hui et dans nos circonstances déplorables (cf. 1 Tim. 1, 13-14).

L’Assemblée est composée de tous ceux qui sont sauvés par le Seigneur Jésus. Il n’y a pas de listes de membres, il n’y a pas de pasteur, les femmes se taisent – donc beaucoup de choses sont différentes des autres églises. Comment cela fonctionne-t-il pratiquement ?

Comme je l’ai déjà relevé, la sainte Parole de Dieu est notre seul guide. Là, nous trouvons tout ce qui est nécessaire pour réaliser par la foi et dans l’obéissance quelles sont les pensées parfaites, sages et utiles concernant son Assemblée. Les hommes par contre, ont introduit au cours des siècles de nombreuses « inventions » humaines, qui ont corrompu le vrai caractère de l’Assemblée de Dieu. Ces aberrations sont tellement répandues et acceptées, que ceux qui adhèrent à la Parole sont parfois considérés comme des « sectaires » !

Dans la vie pratique de l’Assemblée selon la Parole, tout se déroule dans l’obéissance à l’Écriture, dans la dépendance du Saint Esprit et pour l’édification des croyants (cf. Jean 16, 12-13 ; Rom. 8, 26 ; 1 Cor. 12, 4-11 ; 14, 26-34).

Bien entendu, ceux qui se réunissent selon la Parole ne sont pas l’Assemblée, mais ils désirent former un témoignage de l’Assemblée de Dieu sur la terre (cf. Psaume 122, 4).

Les conditions importantes sont :

  • la considération de tous les vrais croyants comme membres du Corps du Christ, donc l’Assemblée (cf. Éph. 4, 3-4),
  • la séparation de tout mal que l’homme naturel y a introduit (2 Cor. 7, 1 ; 2 Tim. 2, 19-22),
  • l’exercice de la discipline biblique (cf. 1 Cor. 5).

Mais, dites-nous, papa Arend, chacun peut choisir sa propre église, n’est-ce pas – là où il se sent à l’aise avec d’autres, là où le déroulement des réunions est selon son goût, ou simplement là où ses parents l’ont amené en tant qu’enfant ? Chez nous on dit p.ex. : « Je suis né catholique, je veux aussi mourir catholique ». Qu’en pensez-vous ?

On peut comprendre par ce que j’ai exprimé dans les réponses précédentes que notre volonté propre, nos désirs et la tradition humaine n’ont aucune place dans la vraie Assemblée. Ces pensées viennent de notre « chair » que nous portons tous dans nos corps, mais qui a été jugée par Dieu et qui doit être crucifiée par nous (cf. Rom. 6. 6 ; 8 3 ; Gal. 5. 24). Si nous désirons plaire à notre Sauveur et Seigneur, notre seul « choix » est d’obéir à sa Parole. Christ est le Chef, la « Tête » de son corps, et le Saint Esprit est notre guide, non pas les traditions (cf. Matth. 15, 3,6 ; Col. 2,8 voir note version DBY). Dans la question ci-dessus, la pensée exprimée par le catholique démontre le danger de s’appuyer sur les traditions humaines. Même s’il s’agit d’un vrai croyant qui est sauvé pour l’éternité, ces traditions l’empêcheront de chercher et de trouver la vérité divine au sujet de l’Assemblée. (cf. 1 Cor. 3, 11-15).

Mais concernant les différents églises et groupes, on dit parfois que « nos différences font notre richesse ». D’autres comparent chaque groupe à une fleur et disent que l’ensemble forme un beau bouquet. Ce n’est pas cela ?

C’est une vieille erreur répandue de dire que les différentes « églises » sont un enrichissement. Au contraire, l’existence même de ces divers groupes démontre la pauvreté spirituelle et le rejet de la Parole de Dieu. (cf. 1 Cor. 1, 10-13 ; 11, 18). Sans le dire expressément, l’arrière-pensée qui se cache derrière le besoin d’appartenir à une « église » est qu’il ne suffit pas d’être un membre du vrai Corps de Christ. On a besoin de porter un nom (catholique, luthérien, pentecôtiste, baptiste, etc.). L’existence de toutes ces « églises » est le résultat de l’activité de la chair humaine (parfois même chez de vrais croyants). Dans une grande partie de ces groupes, il existe par ailleurs des doctrines et des pratiques qui ne sont pas bibliques.

L’existence de différentes « églises » contredit la Parole, où nous ne trouvons qu’une seule Église (en grec ekklesia), un seul corps de Christ. Il n’existe pas plusieurs corps de Christ. En se rassemblant selon les enseignements de la Bible, les croyants ne sont rien en eux-mêmes si ce n’est des membres du Corps de Christ (cf. 1 Cor. 12, 13) ; ils ne forment pas une « meilleure église ». Ils désirent seulement mettre en pratique la pensée de la Parole de Dieu en prenant une place, à laquelle chaque membre du Corps de Christ est bienvenu, et où la discipline est exercée de façon scripturaire (p.ex. 1 Cor. 5).

Tous les efforts d’unir les chrétiens d’une manière qui ne se trouve pas dans la Bible sont futiles. Est-ce que cela correspond à la volonté de Dieu de lier des incrédules avec des croyants (cf. 2 Cor. 6, 14-16) ? Quel bénéfice y-at-il à chercher à unir des constructions humaines (c’est-à-dire les « églises ») qui sont jugées par la Parole (cf. 1 Cor. 1, 10-13) ? C’est cela que fait l’Œcuménisme. Pourquoi vouloir réunir temporairement des vrais croyants qui ne sont pas d’accord entre eux sur plusieurs questions doctrinales (l’Alliance évangélique) ?

Le chemin selon l’Écriture est de « garder l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Éph. 4. 3). L’unité de l’Esprit implique que tout doit être en accord avec la Parole de Dieu et dirigé par le Saint Esprit.

Donc vous dites que le chemin pour vivre l’unité n’est pas de faire un effort pour réunir différentes églises ? Car on dit souvent : Soyons un ! Insistons sur ce que nous avons en commun et oublions ce qui nous sépare, montrons un esprit d’amour et de tolérance pour marcher ensemble. Comment faire alors ?

La réponse se trouve déjà dans mes remarques précédentes. Une union ou unité sans la séparation du mal doctrinal et pratique n’est qu’un compromis ; c’est une chose détestable aux yeux du Dieu saint. Comme nous l’avons déjà relevé, la seule vraie unité chrétienne est l’unité de l’Esprit. L’Esprit de Dieu est l’Esprit « Saint ». Cela veut dire que tout ce qui est en contradiction avec le Dieu saint ne peut être toléré. La tolérance est une notion humaine, en contraste avec la grâce, qui est divine. Notre attitude doit être caractérisée par la patience. La patience connait le chemin juste et supporte la faiblesse, mais non pas le péché et le mal. Grâce à Dieu, il y a beaucoup de croyants qui essayent de mener une vie pieuse. Mais leurs connexions avec les dénominations les souillent, même s’ils ne s’en rendent pas compte.

Vous dites que vivre l’unité demande de se retirer du mal ?

C’est juste. La tolérance au mal sous prétexte de vouloir garder l’unité est une déception charnelle et satanique. La sainteté de Dieu et des siens est incompatible avec le monde, la chair et le péché. « Quiconque donc voudra être ami du monde se constitue ennemi de Dieu » (Jacques 4, 4 ; cf. 1 Jean 2, 15-17 ; Esdras 4, 1-5). Si on se retire du mal, la vraie unité peut être réalisée à la gloire de notre Dieu et Père et pour notre propre bénédiction.

Donc encore aujourd’hui il est possible de vivre l’unité autour du Seigneur Jésus. C’est encourageant de le savoir. Svp, dites-nous encore pourquoi on doit appliquer la discipline dans l’église ?

Le frère connu M. J. N. Darby a écrit à juste titre : « La séparation du mal est la condition préalable à l’unité de l’Assemblée » (voir 1 Cor. 5 ; Eph. 1, 4 ; 2 Tim. 2, 21-22). La discipline est hélas nécessaire pour maintenir la pureté de l’Assemblée (2 Cor. 7, 8-11 ; cf. 2 Tim. 2, 21). L’Assemblée sous l’aspect de la Maison de Dieu est caractérisée par la sainteté, dont la pureté est un élément fondamental (1 Cor. 3, 16 ; 2 Cor. 6, 16-18 ; Éph. 2, 21 ; 1 Jean 3, 3).

Merci beaucoup pour toutes ces explications, papa Arend. On voit que vous avez beaucoup étudié la Parole de Dieu et que vous l’aimez. Vous avez déjà écrit beaucoup de livres sur différents sujets qui se trouvent aussi au Cameroun dans les Centres Bibliques. Nous ne pouvons qu’encourager nos jeunes lecteurs à les étudier.

J’ai juste encore une autre question, papa Arend. On dit que vous avez renoncé à une bonne carrière professionnelle et un bon salaire pour servir le Seigneur à plein temps et pour étudier et expliquer les vérités de la Parole de Dieu. Aimeriez-vous partager avec nous quelques expériences ?

Déjà, comme jeune chrétien, j’ai commencé à comprendre un peu comme c’est important de connaître la Parole de Dieu pour la vie personnelle et commune, c’est à dire dans l’Assemblée. J’ai donc étudié les Écritures à l’aide de la bonne littérature qui était à ma disposition. Au fur et à mesure, les frères locaux m’ont demandé de m’occuper de l’école du dimanche, puis des réunions des jeunes, ce que j’ai fait avec joie. J’ai aussi pu organiser et diriger plusieurs camps pour des jeunes chrétiens. Le Seigneur m’a encouragé à présenter la Parole quand j’avais environ 25 ans. Ensuite, j’ai reçu des invitations de la part des rassemblements environnants, etc.

À un moment donné, quand j’avais environ 40 ans, le Seigneur a placé devant moi la décision de continuer mon travail très intéressant ou d’arrêter et de travailler seulement pour Lui. Et quand le Seigneur nous appelle, il est bon d’obéir ! Mais c’est une décision de plein gré – le Seigneur ne nous force pas. J’ai quitté mon travail lucratif, et ma femme et moi nous n’avons jamais regretté cette décision. Nous avons expérimenté l’amour, la grâce et l’aide du Seigneur chaque jour de notre vie. Au fil du temps, nous avons appris toujours mieux que tout dépend de Lui et pas de nous. Il est vrai que sa grâce nous suffit, car sa puissance s’accomplit dans l’infirmité (2 Cor. 12, 9). Continuons, chacun à sa place, jusqu’à ce qu’Il vienne !